Je suis tombée dedans très tôt! C'était certainement vers les dernières années collège car j'avais déjà eu mes règles. On allait régulièrement chez mes mamies maternelle et paternelle. Mais chez maminenette, à l'étage il y avait une une étagère au dessus de l'escalier qui menait à la véranda du haut.
Il y avait des livres, beaucoup de livres, plus d'une centaine de livres. Chaque fois qu'on y allait, j'étais intriguée et attirée par tous ces livres. Des livres de poches avec des losanges au dessus du titre et toujours un homme et une femme enlacés.
J'ai toujours été attirée par les livres. Durant l'école primaire, je lisais La comtesse de Segur ou les livres à tranches vertes, j'adorais cela.
Puis ma mère a eu un abonnement France loisir et j'étais tellement heureuse quand il fallait sélectionner les livres du mois. Quand Mamoune revenait avec les livres, on ne nous entendait plus ma soeur et moi, la terre s'arrêtait de tourner. On pouvait passer des jours et des jours à lire sans rien faire d'autre au grand désespoir de mes parents. J'ai aimé les romans autobiographiques, les romans d'amour.
Quand je lis, je suis immergée dans le livre, donc je vis le livre et j'aime ça, je ressens tout. Je ris, je pleure, je souris, je m'énerve, je rouspète, j'ai mal , j'ai mal, je souffre, considérez-moi comme un protagoniste spectateur de l'histoire. Donc les romans autobiographiques ou biographiques, c'était psychologiquement intense, trop d'engagement.
On en revient à mon histoire d'étagères rempli de livres. J'avais donc pris l'habitude d'emprunter de façon tout à fait sournoise deux, trois livres que je glissais subtilement dans mes vêtements. Arrivée à la maison, ce qui m'intéressait c'était d'accomplir toutes les taches quelles soient scolaires ou ménagères pour me plonger dans mes nouveaux petits livres préférés : les Harlequins ! (Ces livres sont courts 150 pages environ, ils ont modifié pendant un certain ma façon de lire, je cherchais rapidement le dénouement dans les histoires.)
Au début je me suis contentée de ceux que j'arrivais à piquer jusqu'à mon arrivée au lycée, en première je crois. J'étais tellement hantée par ces livres que j'avais commencé à écrire un livre, pauvre folle!
J'ai rencontré durant cette année une de mes meilleures amies au lycée, elle aussi trempait dans cette histoire. Mais ce qu'il y avait de different c'est qu'elle avait accès aux nouveaux livres avec le nouveau design des couvertures. La révolution! (L'excès coule dans mes veines, vous vous y ferez;) Les couvertures étaient plus modernes mais les histoires aussi étaient plus contemporaines, la nouvelle vie! Ce qui fut fantastique c'est quelle connaissait un endroit où on pouvait les acheter d'occasion. Vous voyez un enfant dans un magasin de bonbons c'était moi dans cette boutique.
Il y avait une minuscule boutique à Fort-de- France pas loin de la cours Perrinon à peu près. Etes-vous déjà entré dans une pièce pleine de livres? L'odeur est entêtante, c'est une odeur particulière. Là dans cette librairie d'occasion, l'odeur des vieux livres était envoutante, apaisante. On y allait avant de prendre nos taxis de communes. On achetait les livres à 10 francs je crois. Je ne sais même pas comment je me procurais cet argent, vu qu'on avait que l'argent des taxis . Dès qu'on avait 10 francs ou 20 francs, K et moi on allait acheter nos petits bouquins avec ce petit gout d'interdit, c'était délicieux!
Ces petits ouvrages ont mauvaise presse, sont considérés comme des livres sans intérêt. Pour moi c'est un univers à part entière.
Dans les Harlequins, il y a des codes. Il n'y avait jamais d'adultère, ça sera tourné sous forme de quiproquo ,de malentendu mais au final il n'y aura pas d'adultère. le dénouement se situe entre la 90ème page et la 110ème.
Voici comment s'est faite mon introduction aux romans d'amour.
Je suis restée longtemps avec cette édition mais au fur et à mesure, il me manquait de la profondeur dans les personnages, dans les scènes érotiques, il me manquait du nanan, il manquait d'épices, de réalité.
J'ai eu le temps d'avoir une collection d'Harlequin, les bleus étaient mes préférés, de revendre pour en acheter d'autres mais il m'en fallait toujours plus.
Un jour j'ai franchi le cap des romans d'amour érotiques, j'ai basculé dans un autre monde.
J'ai trouvé ce que je cherchais à y perdre mes nuits. Je me plongeais dans ces histoires comme on plonge dans la mer à 18H30 aux Antilles. On sait que l'eau sera chaude par contre on ne sait plus ce qu'il y a dans l'eau, une part de mystère, d'excitation et d'appréhension nous enveloppe. Il y avait tellement d'univers à découvrir!!!!!
On se retrouve bientôt.
Bye
